“S’il existe un post-anthropocène qui mérite d’être vécue, ceux qui l’habiteront auront besoin d’autres récits, où aucune entité n’occupe le centre de la scène.” – Isabelle Stengers
Au début du XXIe siècle, les vivant.es se sentaient vivre dans une catastrophe permanente. Plusieurs voix différentes voire opposées s’élevaient, convergeaient en hymne pour appeler des nouveaux récits. Certain.es soutenaient qu’ils faillaient les inventer. D’autres suppliaient : « rappelons-nous ceux qui existaient autrefois ! ». Tous et toutes convergeaient autour de ceci : il n’y a pas de réalité sans récits, donc pas de transformation du réel sans nouveaux récits. Les récits qu’ils et elles appelaient de leurs vœux, et créaient, devaient donc raconter des alternatives. Des alternatives qui donneraient sens et envie aux actions individuelles et collectives, qui recomposeraient le monde vers de nouveaux horizons, plus soutenable cette fois-ci, qui se distingueraient par leur pluralité.
Quand, soudainement est une fabulation collective à partir des multiples « nouveaux » récits de ce qui pourrait exister demain. Les œuvres présentent quelques-unes des pistes de transformation, reconstruction, mutation, recomposition recherchées. Elles proposent de nouveaux mots pour « raconter l’inconnu » (Isabelle Delannoy), « déplacer les conceptions disponibles vers des horizons nouveaux » (Yannick Rumpala). Elles insufflent aux structures narratives fatiguées de la modernité des possibilités, en dessinant les détails de leurs formes, odeurs, sons et mouvements, et invitent l’esprit à « problématiser la réalité » (Yannick Rumpala), en interrogeant les scènes, les relations, les situations, les héros du présent…
Que se passe-t-il quand, soudainement, vingt-cinq artistes ou collectifs d’artistes réunis en un même lieu interrogent la question du récit et les changements qu’il peut apporter ? Quelles réouvertures des possibles peuvent émerger de leur rencontre, de leur dialogue entre elles, eux, le public ? Comment nos interactions avec ces situations imaginaires peuvent-elles se rapporter à des enjeux réels, comment peuvent-elles ouvrir des pistes de transformation ?
En changeant de regard, d’angle, de perspective nous créons des potentialités alternatives. Dans ce lieu, par la rencontre avec ces œuvres, par les relations que nous créons, nous composons un décalage commun, dans un même désir d’élargir les voies des trajectoires futures.
Voici un nouveau récit, il y en a plusieurs autres.